Habillez-vous comme un européen ou vous serez repéré

Habillez-vous comme un européen ou vous serez repéré
Habillez-vous comme un européen ou vous serez repéré
Anonim

Le duo de réalisateurs d'Eletrevalós, Olivier Nakache et Eric Toledano, a une fois de plus réalisé une comédie/drame sur un problème social très actuel, qui est au moins aussi bon que son prédécesseur populaire en tant que film d'audience. Quelles sont les chances qu'un immigré quitte son pays d'origine dans un pays totalement étranger ? À quel type d'opportunités d'emploi pouvez-vous vous attendre et à quels problèmes existentiels pouvez-vous être confronté ? - de telles questions et des questions similaires sont soulevées par Samba.

Samba (Omar Sy), l'immigré sénégalais, est à Paris depuis dix ans, vit de petits boulots, et env. il partage un appartement de dix mètres carrés avec son oncle de presque soixante ans. Lorsqu'il demande un permis de séjour à cause d'une offre d'emploi, il est emprisonné par le bureau de l'immigration, et comme il est dans le pays illégalement avec de faux papiers, il est immédiatement conduit dans une institution aux allures de prison réservée aux immigrés. Il y rencontre Alice (Charlotte Gainsbourg), qui travaille comme assistante sociale dans un but thérapeutique, avec qui il noue immédiatement une relation privilégiée.

Photo: Gaumont Distribution
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Le film montre bien comment vit un immigré vivant dans une anxiété et une insécurité constantes depuis des années, qui va d'un travail à l'autre, est obligé d'éviter l'arrêt de bus après six heures du soir et a la chair de poule rien qu'en voyant un civil serviteur en uniforme. Il est impossible de supporter la pression constante sans objectifs: c'est pourquoi Samba et son oncle rêvent d'une maison au bord du lac, qu'ils envisagent d'acheter lorsqu'ils auront assez d'argent pour enfin rentrer chez eux en Afrique.

Les caractères des personnages principaux, Samba et Alice, sont assez similaires: ils luttent tous les deux pour sortir de leur vie sans issue. Samba fera tout pour pouvoir à nouveau travailler et subvenir aux besoins de la famille qu'il a laissée en Afrique, et Alice essaie de recommencer sa vie. Charlotte Gainsbourg joue bien les accès de colère contenus mais en même temps brutaux de l'ancien bourreau de travail, qui est complètement changé par la proximité de la Samba décontractée et de bonne humeur. J'avoue qu'au début j'avais assez peur de continuer à chercher Driss de Lifers dans la performance d'Omar Sy, mais pendant le film je n'ai jamais pensé une seule fois à l'infirmière excentrique: Sy a montré un visage complètement différent, au moins aussi professionnel qu'un Sénégalais réfugié, auquel - pour l'authenticité de la représentation - il a même pris un accent. D'ailleurs, Nakache et Toledano ont non seulement gardé Sy de Lifetime, mais aussi Clotilde Mollet, on peut la voir en tant qu'employée d'une agence pour l'emploi.

Photo: Gaumont Distribution
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Et en parlant d'acteurs: Tahar Rahim, qui joue Wilson, un immigré algérien se faisant passer pour un Brésilien, est au moins aussi divertissant que Sy et Gainsbourg réunis. Sans oublier que c'était une bonne idée de la part des réalisateurs d'introduire le personnage du travailleur noir divertissant, qui résout bien les situations particulièrement tendues avec ses blagues excentriques.

Bien que l'histoire parle essentiellement des doutes quotidiens et de l'avenir sombre d'un immigrant, les réalisateurs ont réussi à combiner drame qui sent la vie et comédie romantique sans que le film ne bascule dans une comédie kitsch, prévisible et clichée. Dommage que la fin ait été si maladroite car l'histoire a été consciemment construite: j'ai particulièrement apprécié que les réalisateurs parviennent à connaître les personnages progressivement grâce à la lenteur de l'évolution des personnages, mais à la fin du film, l'élan initial s'est essoufflé et les fils ont été cousus assez rapidement. C'est une déception, car jusqu'aux trois quarts du film, nous avons vu des situations de vie tout à fait authentiques, mais à la fin, il ne reste plus assez de temps pour la résolution de problèmes et la transition.

Photo: Gaumont Distribution
Photo: Gaumont Distribution

Quoi qu'il en soit, il est fort probable que les téléspectateurs aimeront Samba au moins autant qu'Élétrevalós. Le choix des sujets qui touchent particulièrement les Français dresse un miroir tordu face à leur société fondamentalement xénophobe par rapport à la question des réfugiés et des immigrés, qu'il est désormais impossible d'ignorer. Le film présente avec authenticité les chances d'un immigré d'une toute autre culture dans un pays où, bien que tolérée, sa détermination n'est pas inconditionnellement valorisée, son emploi est rendu difficile et sa possibilité d'ascension est refusée. Et la suggestion la plus intéressante: et si deux personnes issues de milieux sociaux complètement différents tombent amoureuses ?

Samba a déjà été présenté une fois ici dans le cadre des Journées du cinéma francophone, mais à partir du 19 mars, il sera également à l'affiche dans toutes les salles de cinéma du pays. Peut-être que cela ne servira pas seulement de miroir aux Français.

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